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Le Pays Basque 1950 vu par Orson Welles

En 1955, la société britannique Associated-Rediffusion offre une opportunité remarquable au célèbre réalisateur Orson Welles : celle de concevoir et de réaliser une série de documentaires uniques en leur genre, véritables carnets de voyage visuels. Ces documentaires étaient destinés à capturer l’essence des lieux et des cultures à travers le monde, en utilisant des techniques cinématographiques innovantes et un style narratif captivant. Orson Welles, reconnu pour son génie créatif et sa capacité à repousser les limites de la narration cinématographique, accepte avec enthousiasme cette proposition et se lance dans ce projet ambitieux.

Pour mener à bien cette entreprise, Orson Welles s’associe avec le chef opérateur Alain Pol, un professionnel talentueux et visionnaire. Ensemble, ils vont révolutionner la pratique du documentaire, apportant de nouvelles méthodes et idées qui vont transformer la manière dont les documentaires sont réalisés et perçus. À cette époque, les documentaires étaient généralement tournés sans son direct, le son étant ajouté en post-production. Cependant, Welles et Pol décident de briser cette norme en utilisant deux caméras pour permettre le tournage en son synchrone, une innovation qui améliore considérablement la qualité et l’authenticité des enregistrements.

Orson Welles introduit également un élément novateur dans la narration des documentaires : la présence visible de l’interviewer à l’écran. Cette technique, appelée « amorce », permet d’apercevoir brièvement l’interviewer, comme par exemple le dos d’Orson Welles, au cours des interviews. Cette approche crée un sentiment de proximité et d’engagement avec le sujet, rendant les documentaires plus dynamiques et personnels. De plus, les plans raccords du visage de Welles sont filmés séparément, dans un décor aux fonds flous, ce qui permet une grande liberté dans le montage et l’intégration des scènes.

Fait intéressant, Orson Welles n’est pas toujours présent lors des tournages. Il préfère souvent se concentrer sur le montage des épisodes, une étape qu’il considère essentielle pour façonner le récit et atteindre l’impact désiré. Cette approche témoigne de son engagement envers la qualité artistique et narrative de ses œuvres.

Selon les spécialistes d’Orson Welles, cette série télévisée était initialement prévue pour comporter vingt-six épisodes de trente minutes chacun. Cependant, en raison de diverses contraintes et défis, seuls six épisodes ont finalement été diffusés sur la chaîne ITV. Un septième épisode, bien que réalisé, est resté inachevé et n’a jamais été diffusé. Cet épisode inédit avait pour sujet le Pays basque, une région riche en culture et en traditions.

Dans cet épisode, Orson Welles, mi-journaliste, mi-ethnologue, adopte le rôle d’un flâneur curieux et observateur, explorant avec une fascination palpable les multiples facettes

de la vie au Pays basque. Il s’intéresse de près aux habitants de la région, à leurs coutumes uniques, à leurs fêtes colorées et à leur langue distincte, l’euskara. Welles, avec sa capacité à capturer l’essence des cultures et des peuples, offre un regard profond et nuancé sur cette communauté, révélant des aspects souvent méconnus ou mal compris par le grand public.

L’approche de Welles dans cet épisode est emblématique de son style général dans la série : il combine une curiosité journalistique avec un sens aigu de l’observation ethnographique, tout en maintenant une touche personnelle et artistique. En se promenant dans les rues, en participant aux fêtes locales et en dialoguant avec les habitants, Welles ne se contente pas de documenter les événements ; il cherche à comprendre et à communiquer l’esprit et l’âme du Pays basque.

La série documentaire d’Orson Welles, bien que tronquée dans sa diffusion, reste un témoignage de son génie et de son innovation dans le domaine du cinéma documentaire. Les techniques qu’il a introduites, comme le tournage en son synchrone, la présence de l’interviewer à l’écran et l’approche créative du montage, ont eu un impact durable sur la réalisation de documentaires. Ces innovations ont ouvert la voie à de nouvelles façons de raconter des histoires réelles, permettant aux documentaires de devenir non seulement des sources d’information, mais aussi des œuvres d’art captivantes.

La série, bien que limitée dans son exécution, demeure un exemple brillant de la façon dont un artiste visionnaire peut transformer un genre et laisser une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma. Orson Welles a démontré que les documentaires pouvaient être à la fois instructifs et profondément touchants, en mettant l’accent sur l’humanité et la richesse des cultures du monde. Son travail sur cette série continue d’inspirer les cinéastes d’aujourd’hui, les incitant à explorer de nouvelles frontières dans l’art de la narration documentaire.

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