Mais que s’est-il réellement passé au col de Roncevaux, le 15 août 778 ?
15 août 778, 14h45, le grand Charlemagne, premier souverain hipster à la barbe fleurie, rentre de ses vacances annuelles complètement ratées à Marbella vers son Palais princier d’Aix-la-Chapelle. Personne n’ayant encore inventé l’aviation et comme il se refusait d’affronter les bouchons de Béhobie un 15 août – ce qui n’est pas aberrant – il décide de suivre les conseils de Bison Futé et de passer par un petit col pyrénéen.
Mal lui en prit.
L’histoire commence en fait quelques mois plus tôt quand le gouverneur de Barcelone qui s’appelait à l’époque Sulayman ben Yaqzan ibn al-Arabi (ok ça fait moins catalan que Manuel Valls) vient se plaindre à Charlemagne que Abd al-Rahman Ier, l’émir de Cordoue, veut lui piquer la ville de Saragosse et ainsi couper la route des vacances à Marbella pour Charlie (on peut l’appeler Charlie?).
Quand Charlie et son fidèle compagnon Hruodland, que nous appellerons Roland pour plus de commodités verbales, arrivent fin juillet 778 à Saragosse (de riche), Sulayman ben Yaqzan ibn al-Arabi s’est réconcilié avec Abd al-Rahman Ier, et les deux nouveaux copains expliquent à Charlie & Roland que les vacances à Marbella c’est fini et qu’il faut partir de là avec leurs 15000 potes et que s’ils insistent, les sarrasins vont bâtir un mur de mille kilomètres pour séparer le royaume franc de leur royaume et ainsi régler tous les problèmes d’émigration sans se trumper..
Déçu, mais toujours soucieux de s’éclater, la troupe des francs se déplace vers Pampelune, se disant que vu que c’est la période des fêtes, sept jours et sept nuits de beuverie devraient suffire à leur faire oublier leurs vacances ratées en Andalousie.
Et comme, quand ça veut pas, ça veut pas, ils arrivent donc à Pampelune, 15 jours après la fermeture des fêtes et c’est à cette occasion que Roland, dépité, composa le célèbre “Pobre de mí” en s’accompagnant avec son cor de chasse, ce qui, il faut bien l’avouer, était presque plus pénible à écouter que “Aupa BO”, chanté a capella (et à Biarritz) sur la pelouse d’Aguilera un soir de défaite par Michel Etcheverry.
Fou de rage, le reste de la troupe décide de saccager les bars de Pampelune, ce qui leur prit, l’air de rien, pas mal de temps compte tenu de la densité de ces derniers.
Puis, ils décident donc tracer vers les fêtes de Dax (faute de grives, on y mange des ortolans), et de couper par les Pyrénées en faisant escale à Bayonne pour prier Saint Léon
C’est donc en chantant “J’irais de Pampelune jusqu’à Bayonne” que la troupe de Charlemagne passe le col de Roncevaux. Roland que l’on empêchait de chanter depuis le triste épisode du “Pobre de mí” se trouve relégué en queue de peloton et tombe dans l’embuscade tendue par les basques de Pampelune rendus fou furieux après la destruction de la totalité de leurs débits de boisson (mettons nous deux minutes à leur place). Ces derniers conduit par un certain Fermin – qui sera canonisé par la suite pour son action héroïque – mettent une pâtée grave aux troupes de Roland qui tentera bien d’alerter Charlie avec son cor, mais le traître Ganelon, préventivement, avait rempli l’embouchure du cor de kleenex.
Le correspondant local de sud-Ouest à Garazi / Saint Jean-de-Pied-de-Port nous décrit pathétiquement la fin de Roland dans l’édition du 16 septembre 778 (Sud-Ouest n’a jamais été très réactif) :
“ Alors son cor d’ivoire mit à la bouche, et sonna de si grande force et vertu qu’il le fendit, et tant s’efforça de souffler qu’il se rompit les nerfs et veines du col.
Charles entendit l’appel de Roland ; mais le traître Gannelon, qui avait préparé l’embuscade de Roncevaux, l’empêcha de retourner sur ses pas.
Ne voyez-vous pas, dit-il, que Roland chasse dans la forêt et qu’il n’a pas besoin de vos secours !
Son frère Beaudoin vient enfin à son aide ; mais quand il retourna à lui, il le trouva prenant mort ; il bénit l’âme de lui ; son cor, son cheval, son espée prit et s’en alla droit à l’ost de Charlemagne. »
Charlemagne rentra ensuite chez lui, décida de passer dorénavant ses vacances à Mykonos, et les basques, forts de cette victoire, créèrent le royaume de Navarre – le Pays basque – qui restera indépendant jusqu’à son annexion par l’Espagne pré-franquiste en 1512.