On parle souvent de Magellan quand on évoque le premier tour du monde en bateau alors que ce dernier n’est, en fait, qu’un escroc.
Ok, Magellan a une excuse, il est mort en route…
Celui qui l’a réellement accompli s’appelait Sébastian Elcano, un marin basque né à Getaria, petit port de pêche du Gipuzkoa réputé pour ses apéros au Txakuli et ses poissons grillés à la braise. Héros fier et humble comme un basque, figure légendaire de l’histoire maritime, il mérite bien qu’on lui rende hommage ici.
Né vers 1476, Elcano est un pur produit du golfe de Biscaye (nouveau nom du golfe de Gascogne). Enfant du pays, il grandit entre filets et tempêtes, apprenant très tôt les ficelles de la navigation. Marin chevronné et aventurier dans l’âme, il embarque en 1519 dans l’expédition de Ferdinand Magellan, commandée par la couronne d’Espagne pour trouver une nouvelle route vers les Indes en passant par l’ouest. L’ambition : ouvrir une voie maritime par l’océan Pacifique, jusque-là encore largement inconnu des Européens.
L’expédition part de Séville avec cinq navires et environ 250 hommes. Après des mois de navigation difficiles — rébellion, famine, froid, maladies —, le navire de Magellan atteint les Philippines en 1521. C’est là que l’explorateur portugais trouve bêtement la mort lors d’un affrontement avec les populations locales. Le commandement de la flotte revient alors à Sebastián Elcano, qui prend la tête du « Victoria », l’unique navire encore en état de poursuivre le voyage.
C’est sous sa direction que l’exploit devient historique. Têtu comme un vrai basque, il refuse de revenir par la route déjà emprunté. Elcano (à rames) décide, donc, de poursuivre vers l’ouest, traversant l’océan Indien, contournant le cap de Bonne-Espérance, avant de rejoindre l’Espagne en septembre 1522, soit trois ans après le départ. À son bord : 18 hommes amaigris, épuisés, mais porteurs d’un récit fabuleux. Malgré les fanatiques du concept de la terre plate, le monde était bel et bien rond, et on venait de le prouver.
Elcano n’était pas un noble, ni un grand capitaine de renom. C’était un marin, un homme du peuple, forgé par l’Atlantique nord et ses vents durs. Son exploit n’a jamais eu, injustement, la même renommée que celui de Magellan, mais dans les ports du Pays basque, son nom est encore murmuré avec fierté. À Getaria, sa ville natale, une grande statue domine le port. Il y est représenté en tenue de marin, le regard tourné vers l’horizon, comme un rappel que le Pays basque a toujours eu le goût de l’ailleurs.
En 2022, l’Espagne a célébré les 500 ans de ce tour du monde historique, redonnant un peu de lumière à ce navigateur oublié. Car sans Elcano (de sauvetage), l’histoire aurait été bien différente, le premier tour du monde serait resté inachevé et les théoriciens de la terre plate aurait triomphé
Alors, la prochaine fois que vous regarderez l’océan depuis la Côte basque, pensez à lui. À ce garçon de Getaria qui, à la force des voiles et du courage, a fermé le cercle du globe. Un Basque, un vrai.