Nous sommes le Lundi 24 février 2025 | 35 Connectés | La citation du jour : " La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. " Albert Einstein

Narcos à Bayonne : l’affaire B52 – Part 3

(Voir part 1 et part 2 pour ceux qui ont raté)

Une nuit de novembre sous haute tension

Fin novembre, l’aéroport de Biarritz Pays Basque est à peu près aussi calme qu’un moine bouddhiste sous anxiolytiques. La saison est bel et bien terminée, les vols commerciaux se font rares, et les jets privés encore plus. Une ou deux rotations par jour, tout au plus.

Mais ce mercredi 30 novembre, à 18 h 30 précises, un jet atterrit discrètement par temps clair. Son arrivée ne passe pas totalement inaperçue, mais elle intrigue. Contrairement aux habituels vols courts et régionaux, celui-ci arrive de Carthagène, sur la côte nord de la Colombie. Il a marqué une courte escale technique sur les îles du Cap-Vert pour un rapide ravitaillement en kérosène avant de mettre le cap sur l’Europe.

Lorsque la porte s’ouvre, une poignée de passagers descendent, visages impassibles, et traînent de lourdes valises en toile noire. Sans un mot, ils les chargent dans plusieurs véhicules stationnés sur le tarmac. L’opération est fluide, rodée. Quelques minutes plus tard, le jet redécolle, cap à l’ouest, repartant aussi discrètement qu’il est venu.

La dernière étape du voyage

Après des mois d’enquête et de surveillance, le moment de vérité approche. Les équipes de l’OCRTIS (nouveau nom moins rigolo de la brigade des stups) sont prêtes. La filature commence dès la sortie de l’aéroport. Les voitures des trafiquants prennent la direction de Bayonne et trace ensuite vers la « romantique » zone de Saint Frédéric au nord de la ville où, pour une fois, il va se passer quelque chose…

L’ambiance y est plutôt lugubre. Sous la lumière blafarde des lampadaires aussi efficaces que la ligue anti alcoolique pendant les Fêtes de Bayonne, le décor se dessine : des rues à angle droit, des véhicules garés à la hâte sur les trottoirs, et une enfilade d’entrepôts en tôle, anonymes. La planque idéale.

À 200 mètres, la bretelle d’accès à l’autoroute A63. Si les choses tournent mal, la frontière espagnole n’est qu’à une demi heure. (A deux pas pour une agence immobilière)

Dans l’un de ces hangars, un semi-remorque attend. Son plancher a été spécialement aménagé avec des compartiments cachés, conçus pour dissimuler la schnouff. L’équipe colombienne, visiblement pressée d’en finir, ne traîne pas. Pour eux, chaque minute compte. Pas question de s’attarder en territoire hostile.

L’assaut final

Mais ce soir, le piège est tendu. Les policiers n’ont pas l’intention de laisser filer leur proie. Quand tout semble prêt pour le départ, l’OCRTIS, épaulé par la brigade de recherche et d’intervention, donne l’assaut.

L’effet de surprise est total. En quelques instants, cinq personnes sont maîtrisées dans l’entrepôt. D’autres complices sont interceptés à Bordeaux dont le neveu de Pablo Escobar qui, officiellement, était venu visiter Pierre Palmade dans sa cellule et d’autres encore sur l’autoroute A10, près de Saintes. Au total, dix hommes tombent : Colombiens, Espagnols, Néerlandais et Français, tous impliqués dans ce vaste trafic international.

Si aucune arme n’est découverte, le butin, lui, est colossal. Près de 600 000 € en espèces sont saisis, témoignant de l’ampleur du réseau. Mais surtout, l’objectif principal est atteint : environ une tonne de cocaïne est récupérée, empêchant ainsi une nouvelle inondation du marché européen ainsi que l’ambiance des futures nuits estivales biarrotes.

The end

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