En 1906, la Société parisienne de l’Hôtel Régina devint concessionnaire du bien Moussempés et d’une partie de la propriété Choisy appartenant au Golf. Il s’agissait d’ouvrir une succursale du Régina de Paris.
L’architecte-paysagiste Henri Martinet, spécialiste des agencements d’hôtels, de casinos, d’établissements thermaux en France et à l’étranger, dessina les plans. L’immeuble de forme pentagonale, coiffé de deux dômes, dispose d’une cour intérieure fermée par une verrière, cour utilisée comme jardin d’hiver et restaurant. Les soixante-dix chambres du palace ouvrent sur les galeries dominant le patio.
La Gazette de Biarritz – 17 Août 1907
« Ce samedi a eu lieu l’inauguration du splendide Hôtel Régina qui vient d’être construit sur le plateau du Phare et tout près du jeu de golf.
Admirablement situé, dans une position saine qui en fera un séjour de cure climatique, dominant un des plus beaux panoramas que l’on puisse rêver : Océan, plages, montagnes et cité pittoresque, dont les jolies constructions se pressent et s’étagent dans un agréable fouillis de verdure, l’Hôtel Régina offre tous les avantages du luxe moderne et du confort le plus raffiné.
Son originalité consiste encore dans cet immense Hall central, merveilleux jardin d’hiver, délicieux séjour d’été, de 300 mètres carrés de superficie, où de nombreux palmiers-cocotiers semblent vouloir tendre leurs longues tiges jusqu’au faite du haut édifice et où les galeries superposées des différents étages forment d’immenses couronnes de fleurs et de plantes rares.
Le public, admis à visiter toutes les parties de l’Hôtel, ne tarissait pas d’éloges sur l’agencement des chambres et des appartements, sur la beauté de l’ameublement, sur les commodités de toutes sortes, et, en particulier, sur le remplacement des divers systèmes d’appel par le téléphone installé dans toutes les pièces ; on admirait aussi l’organisation des sous-sols et, plus spécialement, des cuisines et des caves.
Les administrateurs et directeurs du nouvel établissement, MM. Baratoux, Moussières et Journeau, secondés par leurs dames, recevaient aimablement les visiteurs, parmi lesquels nous avons reconnu toutes les notabilités de la colonie ; un buffet admirablement servi était installé dans le grand salon et l’on a bu cordialement à la prospérité de cet Hôtel, dont Biarritz a le droit de s’enorgueillir ».
Pour le réveillon de 1908-1909, plus d’un millier de lampes multicolores l’illuminaient.
La plus célèbre des clientes du palace fut en février 1910 la reine Amélie du Portugal, fille de Philippe d’Orléans, comte de Paris. La souveraine venait faire une cure aux Thermes-Salins. Le roi Carlos 1er et le prince héritier avaient été assassinés à Lisbonne deux ans plus tôt sous ses yeux. Son autre fils, Manuel II régnait désormais au Portugal.
Elle occupait les appartements du premier étage donnant sur le plateau du Phare et le golf. Ses promenades la conduisaient en ville faire des emplettes ou chez la princesse Frederika de Hanovre, ou bien elle recevait au Régina son frère, le duc de Montpensier, le roi Edouard VII, la marquise d’Harcourt, la duchesse de Luynes.
Le Régina devint hôpital pendant la Grande Guerre mais en juillet 1917, les blessés furent répartis dans d’autres formations sanitaires. En avril 1918, les soldats américains convalescents y jouissaient du cinématographe.
L’aile nord de l’hôtel s’agrandit en 1926. Le nombre fluctuant d’employés reflète la situation économique : 51 personnes en 1926, neuf en 1936, dix-huit en 1939.
Les 3e et 4e étages de l’immeuble sont depuis la fin des années 1950 transformés en appartement.
En 1994, lors du sommet franco-africain à Biarritz, le roi du Maroc retint tout l’hôtel. Certaines suites furent modifiées pour l’occasion (tapisseries, moquettes, peintures rénovées).